Plan de classe

Et voilà à peine rentrés après cette première coupure que revoilà les moutiques. J'entends par moutiques, ces enfants, des moucherons qui volent et gênent mais qui en plus piquent.

Nouvelle rentrée, dis nouveau plan de classe. Mais voilà J1 n'est pas contente d'être à côté de A3.

   - Madame, vous voulez bien me changer de place parce qu'avec A3 on ne s'entend pas du tout.

   - Mais tu sais J1, il faut apprendre à vivre ensemble. Cela signifie aussi avec ceux qu'on n'aime pas.

   - Mais Madame, ce n'est pas moi qui ne l'aime pas c'est lui. Il se moque tout le temps de moi. Il dit que je suis petite, que je suis bête.

   - Écoute moi J1, si cela se produit, tu viens me voir et je le punirais.

   - Si je rapporte il va être encore plus méchant. Alors moi je vais le dire à ma maman elle va vous appeler et vous me changerez de place.

OK ! voilà l'arme fatal : le parent.

Pour peu que le parent ait eu un vécu d'élève douloureux, le prof (n'importe lequel puisqu'ils sont tous méchants et sadiques et qu'ils aiment ça) devient la bête à abattre parce que maintenant je ne suis plus un élève faible mais un adulte fort, surtout si je suis blindé de thunes.

Moi quand j'entends un élève me dire mon parent va te téléphoner ou venir me voir ; cela me plonge dans mon douloureux vécu d'élève où la loi du plus fort (ou de celui qui hurle le plus fort) "mon père il va venir te voir et tu vas voir ce que tu vas voir". Personnellement mes parents adeptes de la non violence pour ne pas dire démissionnaires ne voulaient rien savoir de mon vécu à l'école. Donc je ne pouvais pas dire "tu vas voir mon père va venir te voir et tu vas voir ce que tu vas voir". Parce que pour moi, le simple fait de me dire cette phrase me plongeait dans des angoisses terribles car je me sentais seule et sans défenses. Alors quand cette gamine est venue me voir avec sa menace "tu vas entendre ma mère" je me suis dit finalement la pauvre ne risque pas de devenir autonome. Et puis c'est quoi, qu'elle change de place et même de classe...