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Après l'effort, le réconfort

13 février 2015

À quoi ça sert de savoir ça ?

 

Parfois lancée à la cantonade, parfois posée plus sérieusement, le doigt levé, tantôt provocatrice, tantôt inquiète : Combien de fois l’ai-je entendu, cette ritournelle : „À quoi ça sert de savoir ça ?“

interrogation

Plus jeune (et un peu naïf peut être) je cherchais alors, preuves à l’appui et arguments les mieux ficelés possible, à démontrer que, oui cela leur servirait dans un avenir plus ou moins proche ! Me risquant parfois à faire de la „cohérence verticale“ (résurgence alors pas si lointaine de concours) : vous le ré-exploiterez plus tard, en cinquième puis en première et peut-être en terminale suivant votre section, voire quand vous serez adulte, en concluant sur un „faites moi confiance“ . Bref beaucoup de temps perdu sur le cours pour, au final, ne pas gagner l’adhésion de ceux qui, sceptiques, craignent de voir leur tête surchargée par tant d’informations inutiles.

Mais avec le temps m’est venue la conviction que ce n’est pas vraiment ma réponse qui importe, mais bien leur question qui pose problème : elle remet en cause les fondements de ce que l’on enseigne bien sûr (ça je l’avais bien perçu depuis le début), mais elle est surtout la marque d’une façon de penser le monde qui rend imperméable à l’apprentissage.

Alors, petit à petit, pour parer à cette mise à distance verbale de mon enseignement, j’ai tenté de proposer une autre approche bien plus positive en partant de l’histoire des sciences :

L’électricité, quand on l’a découverte, ça ne servait à rien, si ce n’est susciter des interrogations chez les scientifiques de l’époque. Et ça serait resté comme cela si Michael Faraday n’avait eu l’idée saugrenue d’utiliser l’énergie électrique pour générer un mouvement circulaire (à la base du moteur électrique). Puis, après les moteurs électriques, on inventa la lumière électrique grâce à James Bowman Lindsay qui eut l’idée de faire échauffer un filament traversé par l’électricité dans une ampoule ; même si un certain Thomas Edison (un autodidacte dont je vous recommande la biographie, c’est édifiant pour nos élèves) est à l’origine de son perfectionnement ! Je m’arrête là, mais on peut évoquer aussi l’utilisation du courant pour faire passer un message par le télégraphe à l’origine du code binaire. A l’œuvre aujourd’hui dans nos ordinateurs…

Ouf, heureusement qu’ils sont plusieurs à ne pas s’être demandés alors : „franchement ça sert à quoi ce truc là ???“ Imaginez l’horreur : … une vie sans portable…

 Et il y en a d’autres comme ça :

  • Antoni van Leeuwenhoek, cet apprenti drapier qui a l’idée de regarder autre chose avec un microscope que la qualité des tissus qu’il achète (même s‘il n’est pas le premier, il fait faire un bon fantastique à la science du monde microscopique).
  • Ou encore pire : la découverte de bactéries hyperthérmophiles dans les sources de Yellowstone en 1960 n’aurait pas servi à grand chose si l’on n’avait pas eu l’idée d’utiliser une de ses enzymes pour accélérer les étapes qui précédent les analyses ADN : pas de série de police scientifique avec comparaison de profil ADN dans l’heure !

Pour résumer, toutes nos technologies, de la plus simple à la plus complexe, sont parties d’une simple interrogation : « Que puis-je faire avec ça? »

 Bref, plutôt que de se demander : « À quoi ça sert ? », il est beaucoup plus profitable et utile de se demander „Comment puis-je m’en servir ?“. C’est à cette condition que l’on peut faire fructifier ce qui nous est donné et que, vraiment, l’on peut avancer.

Pour ma part, depuis que je prends le temps d’introduire mon cours avec quelques uns de ces exemples, je n’entends plus le fameux refrain. Donner du sens aux apprentissages c’est finalement ce qu’on essaie de faire chaque jour, mais plus j’y réfléchis et plus je me demande si, quelque part, on n’élude pas une question plus fondamentale : « Tout doit il servir à quelque-chose ?« 

Mais bon, là, en ce moment, je me demande vraiment à quoi ça me sert de vous parler de ça…

Damien THOMAS, prof de SVT (espérant  encore servir à quelque chose)

http://www.lepetitjournaldesprofs.com/a-quoi-ca-sert-de-savoir-ca/

 

 

 

 

 

 

 

 

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19 janvier 2015

Un professeur de Mulhouse suspendu pour avoir montré en classe des caricatures de « Charlie »

 

Oui, vous ne rêvez pas : ce ne sont pas de minables Charlie Coulibaly de bac à sable que l’on a punis, mais un professeur d’arts plastiques au collège Villon de Mulhouse, qui, quatre jours après le cours où il avait projeté des caricatures pour ouvrir le débat après le massacre à la rédaction de CHARLIE (recommandation de la ministre), a été suspendu suite à une lettre d'élève et à la plainte de parents.

De source syndicale (SNES), le rectorat de Strasbourg a prononcé la sanction sans même écouter l’enseignant, et des versions tendancieuses sur ce qui s'est passé durant la séance, rumeurs résultant d'une compilation d'informations rectorales et locales recueillies à chaud, circulent dans la presse, en dépit d’un démenti de notre collègue (2).
Quelques précisions, toujours de source syndicale : le professeur incriminé a fait l'objet, le 12 janvier, d'un double arrêté d'éloignement de son collège (au motif que sa présence « porte atteinte à l'ordre public » et à « la sérénité nécessaire au bon fonctionnement du service public » dans cet établissement sensible (classé en REP), et de suspension (en raison « d'un comportement en totale inadéquation avec les exigences inhérentes aux fonctions d'enseignant et les valeurs de l'école républicaine », constituant une « faute professionnelle grave ».

Ces deux arrêtés ont été pris sur foi d'un rapport de sa Principale, daté du même jour.

 

Mulhouse : le professeur d'arts plastiques du collège Villon conteste les faits qui lui sont reprochés

Dans un courriel, le professeur explique que, suite aux évènements du 7 janvier 2015, il a décidé de "prendre appui sur des dessins de presse... dont quelques caricatures pour mener à bien les directives officielles...  et qu'à aucun moment le climat de la classe ne dérape". 

  • Par Danièle Léonard
  • Publié le 16/01/2015 | 10:12, mis à jour le 16/01/2015 | 19:56
  • http://france3-regions.francetvinfo.fr/alsace/2015/01/16/le-professeur-d-arts-plastiques-du-college-villon-conteste-les-faits-qui-lui-sont-reproches-633966.html
Le collège Villon à Mulhouse © France 3 Alsace
© France 3 Alsace Le collège Villon à Mulhouse

Un enseignant suspendu à Mulhouse
Reportage de Anne-Laure Herbet, Vincent Lemiesle et Amin Ahmed - Jean-Marie Koelblen, secrétaire départemental FSU - Jean-Pierre Gougeon, recteur Strasbourg

Les explications du professeur d'arts plastiques :

"La séance d’Arts Plastiques incriminée a comme sujet la compréhension des événements, à travers l’étude d’images dans le cadre du programme. Compte tenu des directives ministérielles, suite aux évènements du 7 janvier 2015, je décide de prendre appui sur des dessins de presse, un texte, dont quelques caricatures pour mener à bien les directives officielles.

"La plupart des élèves participent aux débats, en comprenant les principes de la liberté d’expression, d’opinion, et de laïcité. Cependant deux élèves manifestent durant le cours leur mécontentement et notamment le fait que je n’ai pas le droit de diffuser des images du prophète.

Je leur rappelle les notions fondamentales de la République et le fait qu’à l’école les préceptes cultuels n’ont pas leur place, bien qu’évidemment je respecte l’ensemble des religions. Une discussion s’engage et à aucun moment le climat de la classe ne dérape.

Dans un état de Droit et une République démocratique, il me semble que la présomption d’innocence et une enquête en toute transparence sont les moteurs de la vérité. Les services déconcentrés de l’Education nationale ne devraient-ils pas appliquer ces principes fondamentaux avant de jeter à la vindicte populaire un enseignant qui fait son travail normalement ? Quel message doit-on comprendre ?"

rien de plus simple que de se payer le scalp d'un prof

Le Point - Publié le 19/01/2015 à 17:20 - Modifié le 19/01/2015 à 17:48

À Mulhouse, un enseignant qui disait analyser devant ses élèves les caricatures de "Charlie Hebdo" a été suspendu sans sommation par son rectorat.

le prof d'arts plastiques de la classe de quatrième du collège François-Villon de Mulhouse a été suspendu après avoir montré à ses élèves des caricatures du Prophète. le prof d'arts plastiques de la classe de quatrième du collège François-Villon de Mulhouse a été suspendu après avoir montré à ses élèves des caricatures du Prophète. © FRANK PERRY / AFP
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/prof-coupable-d-avoir-montre-des-caricatures-de-charlie-brighelli-s-indigne-19-01-2015-1897804_1886.php
Par

La laïcité est menacée ? Les premières sanctions sont tombées : un enseignant qui prétendait analyser devant ses élèves certaines des caricatures de Charlie a été suspendu par son rectorat. Sur la simple foi de témoignages d'élèves de quatrième. Sans entretien préalable. Sans concertation. À la grande satisfaction des élèves musulmans de l'établissement, pas mécontents d'avoir fait virer un prof. Au soulagement de la Fédération locale des parents d'élèves de gauche, qui a toujours son mot à dire sur ce qu'elle ne connaît pas - en l'occurrence, la pédagogie.

Rappel des faits

La première narration des événements était parcellaire. L'enseignant lui-même a rectifié les faits. En voici le déroulé exact. La semaine dernière, encore dans l'émotion du massacre opéré à Charlie "pour venger Mahomet", le prof d'arts plastiques de la classe de quatrième du collège François-Villon de Mulhouse (un collège ZEP de réputation douteuse dont les résultats au brevet des collèges - 58 % en 2014 - sont très bas) montre à ses élèves diverses caricatures. Quelques élèves racontent l'anecdote à leurs familles, et font pression sur la principale du collège, qui ouvre immédiatement le parapluie, s'en réfère au recteur, - lequel suspend immédiatement l'enseignant, sans le convoquer ni l'entendre. Avec traitement, mais pour quatre mois. Suspect de "faute professionnelle grave". Il est désormais prié de se tenir loin du collège, pour éviter des frictions supplémentaires. Quel que soit le jugement final, les petits chéris ont eu le scalp d'un homme qui avait choisi depuis huit ans d'enseigner là, parce que ses élèves le méritaient bien. Les collègues, consultés, saluent tous un enseignant remarquable, d'une implication constante.

L'Alsace est terre de concordat, la notion de blasphème (qui en France n'existe plus depuis la Révolution, et surtout depuis la loi du 29 juillet 1881) y a été réactivée par les Prussiens après 1870, c'est même l'article 166 du Code pénal local. Mais ce n'est pas la raison de cette suspicion qui vaut condamnation. Voilà plus d'un siècle que l'accusation de blasphème n'a pas été retenue en Alsace. Les derniers à avoir tenté le coup furent, l'année dernière, les membres de la Ligue de défense judiciaire des musulmans - un organisme ad hoc patronné par l'ex-avocat Karim Achaoui, qui tente de faire parler de lui afin qu'on oublie son ancienne réputation. Ils protestaient contre une une de Charlie du 10 juillet 2013, qui, après une tuerie en Égypte, titrait : "Le Coran, c'est de la merde, ça n'arrête pas les balles." On sait depuis deux semaines que de temps en temps, ça en envoie. Le 6 janvier de cette année, 24 heures avant le début des tueries parisiennes, les représentants unanimes des cultes d'Alsace s'étaient réunis pour demander l'abrogation de cet article. Aujourd'hui, le Conseil régional du culte musulman a fait machine arrière. C'est tout à son déshonneur.

Pressions

Le recteur de Strasbourg - je reviendrai dans un instant sur cet important personnage - a immédiatement déclaré sur les ondes que l'enseignant n'avait pas été suspendu pour avoir montré des caricatures, mais pour ne pas les avoir expliquées. Ah bon ? Le recteur, qui n'a pas consulté l'enseignant, était donc petite souris au fond de la classe ? À moins qu'il ne se base sur le récit des gamins - témoins infaillibles - et celui de leurs familles : tant de souris présentes ce jour-là ! "Cela s'est fait de manière frontale et sans pédagogie", affirme le rectorat. Mais Le Monde souligne que les versions sont étrangement divergentes. Car le récit de l'enseignant, relayé par son syndicat, est quelque peu dissonant : "Alors qu'il suit les consignes de notre ministre, notre collègue montre, parmi d'autres dessins de presse, des caricatures du Prophète pour en expliquer l'origine et les conséquences suite aux événements du 7 janvier. Dans le cadre de son cours d'arts plastiques, il présente des dessins provenant du monde entier qui rendent hommage aux victimes, dont des dessins de Charlie Hebdo, dans le but d'expliquer pourquoi il faut défendre la liberté d'expression. Deux élèves manifestent durant le cours leur mécontentement. Le professeur explique l'origine de ces images et leur rappelle les principes fondamentaux de la république : liberté, égalité et fraternité. La discussion est ferme, mais ne dérape pas, contrairement à ce qui a été dit. Après la récréation, la chef d'établissement intervient pour aplanir la situation. Une mise au point est faite l'heure suivante, dans le bureau de la chef d'établissement [Patricia Hessner], avec le professeur d'arts plastiques accompagné d'un collègue comme témoin et de la CPE, qui s'accordent à la fin de l'entretien pour constater que l'incident est clos."

Dès vendredi et les jours suivants, des maladresses ont conforté les élèves dans leur mauvaise interprétation et durant le week-end les réseaux sociaux ont empiré la situation. Lundi, un parent menace la principale d'appeler à un rassemblement devant l'établissement et de bloquer les entrées. La principale prévient le rectorat, qui dépêche l'équipe mobile de sécurité et un inspecteur. L'institution, cédant aux pressions, sacrifie notre collègue au lieu de le défendre, comme elle l'aurait dû. La chef d'établissement intervient dans la classe, informe les élèves que le professeur fait l'objet d'une mesure disciplinaire et d'une suspension avec effet immédiat. C'est à ce moment-là qu'elle demande aux élèves de rédiger des comptes-rendus sur l'incident survenu quatre jours plus tôt ! Notre collègue, lui, n'a toujours pas été entendu après ces déferlements calomnieux et disproportionnés, irresponsables dans le contexte actuel !

Ce sont les propos déformés par les élèves et sortis de leur contexte, qui se sont retrouvés dans la presse, à la suite des fuites du rectorat... Les déclarations des uns et des autres sont ici. On appréciera tout particulièrement la leçon apprise des collégiens, et les déclarations péremptoires de la principale. Sans compter le coup de pied de l'âne asséné par le représentant local de la FCPE, qui explique doctement ce que doit être la pédagogie : sans doute explique-t-il aussi au médecin qui soigne ses enfants ce qu'est la pédiatrie.

Pas de vagues !

Soixante-dix incidents lors de la minute de silence dans toute la France, a dit le ministre. Grossier déni des problèmes sans nombre rencontrés par les enseignants qui, eux, étaient en première ligne face aux superstitions des uns et aux rumeurs colportées par les autres. Mais il est évident que rares furent les chefs d'établissement à prendre le risque d'une mauvaise note (ils ont une prime "au mérite" calculée sur leur capacité à faire régner l'ordre, ou à ne pas signaler les désordres). Et quel recteur - leur prime à eux a été récemment augmentée de 65 % par Mme Vallaud-Belkacem, décidément très complaisante dès qu'il ne s'agit pas d'enseignants - oserait se distinguer de ses collègues ? Certainement pas Jacques-Pierre Gougeon, nommé en Alsace après avoir été conseiller spécial de Jean-Marc Ayrault : il est germaniste comme l'ex-Premier ministre, il a même commis un ouvrage (France-Allemagne : une union menacée ? Armand Colin, 2012) sur l'Allemagne qui témoigne de son admiration pour Angela Merkel et l'exemple qu'elle donne à l'Europe, il recevra un de ces jours à Bruxelles le fruit de ses efforts de vaillant petit soldat d'une Europe qui commence et finit à Berlin. Certes, il s'est mis tout le rectorat à dos dès son arrivée par ses manies somptuaires - contractées peut-être à Matignon, il n'y a rien de plus somptuaire que ces hommes de gauche.

Les syndicats (à l'exception du SGEN et du SE-Unsa ?), totalement absents dans un premier temps, se sont dressés vent debout contre ces décisions iniques et ineptes. Le Snes a défendu son syndiqué, le Snalc, par la bouche de Jean-Rémy Girard, s'est indigné de cette manière sournoise de donner, encore une fois, raison aux élèves - et pas n'importe lesquels - contre les enseignants. Une décision, dit ce syndicat, qui "est en train de créer un climat malsain dans le collège Villon ainsi que d'autres établissements du secteur, en laissant à penser aux élèves qu'ils ont le pouvoir de virer les profs".

Deux poids, deux mesures

C'est la remarque de bien des élèves, ces derniers jours, émus de voir Dieudonné mis en examen pour une très mauvaise plaisanterie. Mais le vrai "deux poids deux mesures" n'est-il pas dans l'impunité dont jouissent, depuis dix jours, des milliers d'élèves qui, soit en direct soit sur le Net ou Twitter, ont déversé des flots de haine raciste ? L'institution fait décidément preuve de courage en sanctionnant un enseignant pour des manquements imaginaires, et en "oubliant" les menaces, les injures, les flots de haine. Liberté d'expression, sans doute ! Le lancement d'une procédure disciplinaire, heureusement, ne préjuge pas forcément de sa conclusion. Il est déjà arrivé que des enseignants suspendus plusieurs mois, voire près d'un an, soient réintégrés - sans tambour ni trompette, et sans sanction. Mais ici, dans le contexte des massacres opérés à Paris (et ailleurs dans le monde, faut-il le rappeler ? Pendant qu'il tuait 17 personnes à Paris, un certain islam en massacrait plus de 10 000 au Nigeria - et combien en Syrie ou en Irak ?), était-il nécessaire de donner ostensiblement raison à des gosses sans raisonnement ni distance, et qui, tout à leur foi, et une foi fort dévoyée, sont nécessairement dans l'affabulation ?

Une enseignante écrit à ce propos sur un forum : "Dans le lycée où j'enseignais, un professeur d'histoire-géographie essaie de parler de la Shoah. Un élève lance : Les juifs, faudrait tous les passer au four. Le professeur exclut l'élève immédiatement. Mais il ne le fait pas dans les règles et le met juste à la porte. Résultat : le professeur est convoqué chez le proviseur et menacé de sanctions graves. L'élève n'est pas inquiété. Il a fallu l'intervention des collègues du lycée et des élus du conseil d'administration pour faire comprendre au proviseur l'énormité de son attitude. Il s'est mollement excusé dans un mail collectif, disant qu'il avait agi sans avoir tous les éléments (certes, il n'avait pas écouté le professeur... et l'avait condamné sans l'entendre), mais a rappelé qu'il était interdit d'exclure un élève. Ce qui a anéanti toute la valeur des excuses qu'il avait pu présenter. L'élève, lui, n'a jamais été sanctionné."

Les "deux poids deux mesures" sont là - et nulle part ailleurs. Les non-spécialistes n'imaginent même pas la difficulté qu'il peut y avoir, parfois, à parler de déportation. La décision du recteur fait bruire les blogs enseignants. Une pétition a même été lancée pour demander l'arrêt immédiat d'une mise à pied qui sonne comme un désaveu. Ce serait la moindre des choses. Mais un ministre responsable pourrait aussi s'en prendre à celles et ceux qui, pour ne pas faire de vagues, ont déclenché une tempête. Un recteur, ma foi, cela se vire. La gauche au pouvoir a bien viré, sauf un, tous les recteurs nommés par le précédent gouvernement - sans doute avaient-ils tous démérité : on ne peut imaginer, dans une nation policée, qu'il se soit agi de caser des copains, ou d'anciens conseillers d'anciens ministres.

 

 

 

http://leblogdelapresidente.over-blog.com/2015/01/caricatures-de-charlie-premieres-sanctions-a-l-ecole.html

Après l’indignation, quelques questions et réflexions:

On reproche donc à ce professeur d’avoir « obligé » ses élèves à regarder les caricatures de CHARLIE, ce qui les aurait gravement offensé-e-s dans leur sensibilité religieuse. Existerait-il donc à l’École un droit « de réserve », ou « de retrait » autorisant Moncanard et Mapoulette à refuser d’analyser une image, de voir un film ou de lire un texte sous prétexte qu'ils porteraient atteinte à leurs croyances ? Si un enseignant ne peut plus exercer son autorité pour faire découvrir à ses élèves des textes, des images et toute autre expression artistique et culturelle, si un ou des élève(s) (pire, un ou des parent(s)) prétend avoir le droit de ne pas les étudier dans le cadre de l'École publique sous prétexte que sa sensibilité est agressée, alors les élèves sont définitivement condamnés à rester enfermés dans leurs déterminismes microcosmiques et familiaux, et l'École n’a plus de raison d’être.

L’Éducation Nationale va-t-elle rester soumise à la volonté de quelques individus et groupes de pression ? A voir la réaction du Rectorat de Strasbourg, on peut à bon droit se le demander.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

19 janvier 2015

Je suis Charlie !

 

 

 

Moi aussi j'ai été choqué par la tuerie qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo.

Mes élèves encore plus. Surtout lorsque lors de la minute de silence, la direction a lancé :"c'est la guerre !". Là je ne peux pas être d'accord.

Je ne peux pas être d'accord quand des enfants choqués par les médias entendent cela de la part de la direction d'un collège. Et le devoir de réserve ? Et quid de l'émotion de l'enfant ?

Il ne m'a pas été possible de travailler les jeudis et vendredi tellement les élèves étaient surexistés. Mais moi je ne savais pas quoi leur dire. Moi, je ne regarde pas la télé. Je n'en ai pas. Je ne lis pas Charlie Hebdo. Mon mari lit Le Canard Enchainé. C'est chaque année mon cadeau de la fête des pères. A part Reiser qui me faisait rire avec son gros dégueulasse. Oui je sais, je suis très pipi caca. Et puis moi, je suis de la génération Cabu au Club Dorothée. Les caricatures de Mahomet ? Moi je voyais un bonhomme qui ressemblait à Iznogoud. Un type du Magreb.

La religion, je la conchie. Et pourtant je suis croyante. Je crois en une force de vie et en une force de mort. Je crois en Jésus, Moïse, Bouddha, Mahomet. Chacun ayant quelque chose en plus de nous mais ce quelque chose que nous ne comprenons pas tous, est le chemin vers lequel nous pouvons accéder à plus d'humanité. Nous devons sortir de notre état d'animal mû par ses pulsions. Je crois que ce sont ces pulsions qui font de nous des animaux (pouvoir, reproduction ...). Je crois que calmer nos pulsions nous apporte sérénité. Je crois que maitriser nos pulsions nous apporte plus de sensibilité, plus d'écoute de ce qui se passe autour de nous. On n'est plus aveuglé par ce qui se passe en nous. Et je crois que faire la guerre sainte est ce combat à mener chaque jour à ce petit animal qui est en nous. Et c'est un combat que l'on mène en toute intimité.

En 1905, l'Eglise s'est séparée de l'Etat. Cela fait plus d'un siècle qu'Aristide Briand a pris l'initiative de cette loi. Inventant la laïcité à la française, elle proclame la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes. 

Le souci est que peu ne font pas la différence entre la liberté d'OFFENSER et l'interdiction de causer des PRÉJUDICES. Dans le cadre de l'offense, relevons trois catégories : d'abord, les torts que l'ont fait à des êtres abstraits (comme Dieu, les anges, Mahomet...), ensuite, les actes entre adultes consentants (par exemple, les relations homosexuelles, sadomasochistes, etc.), enfin, les actes dirigés contre nous-mêmes (comme le suicide, la masturbation). Certains peuvent être choqués ou offensés par ces actes, mais ceux-ci ne sont dirigés contre personne. L'autre n'en est pas victime. De l'autre côté, il y a le préjudice, qui est lui directement dirigé contre autrui : il est destiné à l'abaisser, l'humilier ou lui causer du tort. La liberté d'expression n'est pas la liberté de causer des préjudices parce que c'est de l'ordre de la parole. Là, nous ne sommes déjà plus dans le cadre de la liberté d'expression. 

 

 

charlie_14 prof

Et ça c'est de la diffamation ! ;-)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

30 décembre 2014

Supprimer les notes et le redoublement à l'école ? Des mesures pour amuser la galerie

LE PLUS. Fin de la notation traditionnelle, suppression du redoublement ou encore arrêt de l'apprentissage de l'écriture cursive : les suggestions pour lutter contre le décrochage scolaire ne manquent pas. Selon le linguiste Alain Bentolila, ces solutions superficielles sont uniquement destinées à "enfumer" les Français. Explications.

Par 
Linguiste

Édité par Barbara Krief 

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1294427-supprimer-les-notes-et-le-redoublement-a-l-ecole-des-mesures-pour-amuser-la-galerie.html

Une classe de primaire à Toulouse en France à la rentrée 2014 (image d'illustration)

Une classe de primaire à Toulouse en France à la rentrée 2014 (Fred Scheiber/20 Minutes/SIPA)

 

Durant ces 40 dernières années, on est passé brutalement d’une situation où trois élèves sur quatre n’accédaient pas à l’enseignement secondaire, à celle où, aujourd’hui, tous les élèves y entrent et y restent au moins cinq ans. On comprend bien qu’une telle révolution a profondément et brutalement transformé la composition sociale et culturelle de la population scolaire.

 

L'école a raté sa démocratisation

 

Lorsque s’est levée la barrière d’une sélection qui était injuste et cruelle, un nombre considérable d’enfants, auparavant écartés, se sont trouvés précipités dans un système qui n’était pas conçu pour eux. Il eût donc fallu que cette école se transformât en profondeur dans ses contenus, sa pédagogie, la formation de ses maîtres et ses finalités professionnelles. Elle est en fait restée quasiment identique à elle-même. Le résultat est que si l’école a réussi sa massification, elle a raté sa démocratisation : 150.000 élèves la quittent sans aucun diplôme, pour la plupart en situation d’illettrisme. Aujourd’hui on tente de donner le change en sortant de la naphtaline quelques mesures, régulièrement présentées comme décisives depuis 1969.

 

Ces annonces, sans analyses sérieuses, appuyées sur des comparaisons internationales superficielles veulent cacher que notre école navigue entre complaisance et cruauté, maquillant l’échec en abaissant régulièrement ses ambitions et ses exigences. Au lieu d’amuser la galerie, la seule question à laquelle devraient répondre avec franchise et lucidité nos ministres est la suivante :

 

"Acceptons-nous que le destin scolaire et social d’un enfant soit scellé selon qu’il est né du bon ou du mauvais coté du périphérique, selon qu’il vit en zone urbaine ou rurale ou selon qu’il appartient à une famille culturellement favorisée ou non ?"

 

La réponse à une telle question dépasse de très loin les mandats politiques et les postures mondaines. Elle permet de distinguer les égoïstes cyniques des humanistes généreux. On trouve d’ailleurs les uns et les autres à droite comme à gauche. Il nous faut donc inscrire au cœur du projet politique d’éducation le pouvoir de résilience de l’école. C'est à la lumière de cette volonté qu'il faut dénoncer ces écrans de fumée idéologiques que représentent la suppression des notes, la disparition du redoublement ou la fin de l'écriture manuelle.

 

La suppression des notes ne changera rien au destin

 

L’éducation nationale s’est ainsi récemment mis en tête qu’il fallait supprimer les notes afin de ne pas décourager les élèves qui font des fautes. Qui donc nous fera croire qu’il suffirait de ne plus quantifier les difficultés d’apprentissage pour régler le problème de l’échec scolaire et du désenchantement qui touche une bonne part des élèves !

 

Evidemment la mesure est tentante ! Supprimer les notes ne coûte rien, et, en plus, on occupe le terrain médiatique en donnant l’impression d’avoir fait quelque chose d’utile et de concret. Et enfin nous dit-on : "braves gens, regardez donc les résultats de pays qui on suivi cette voie, ils sont mieux classés que nous !"

 

Pauvre argument qui néglige notamment la différence de qualité de la formation et du statut des maîtres si médiocre chez nous.

 

Incompétence ou cynisme, nos responsables, dépassés par la faillite de notre système, sont prêts à s’accrocher à n’importe quel gadget et nous racontent n’importe quoi ! Car enfin, nous savons bien que la suppression des notes ne changera rien au destin, malheureusement programmé, des élèves fragiles.

 

La question n'est pas de choisir entre une notation sur 10 ou sur 20 ; la question n'est pas d'instaurer un système de couleurs ou un système de lettres ; tout cela n'est que poudre aux yeux ! La seule question qui vaille c'est que l'on instaure un système d'évaluation qui identifie les difficultés singulières de chaque élève et le rythme singulier de chaque parcours d'apprentissage afin que sur cette base on instaure une démarche de différenciation pédagogique lucide qui accompagne chacun selon ses besoins.


Deuxième tour de passe-passe : la suppression du redoublement

 

Ce n'est pas la voie qui se dessine aujourd'hui. Deuxième tour de passe-passe, la suppression du redoublement ! En l’état de notre système éducatif, rendre le redoublement exceptionnel comme le propose la Ministre ne va pas changer le caractère inéluctable de l’échec scolaire de certains enfants. Tout au plus pourra-t-on différer la manifestation de l’échec.

 

Le vrai défi c’est de transformer la logique de rupture actuelle en logique de continuité et d’accompagnement afin de passer d’un système complaisant et cruel à un système alliant exigence et générosité.

 

Pour cela il conviendrait de gérer avec lucidité le passage des différents paliers que les élèves ont à franchir de la maternelle à l’université en mettant en place des sas de transition. C’est à dire des bilans réguliers situés suffisamment tôt dans l’année pour identifier les difficultés spécifiques de chacun et permettre une véritable remise à niveau.

 

C’est justement ainsi que procèdent les pays qui ont les meilleurs résultats sans pour autant dépenser plus que nous pour l’éducation. Là encore cela exige une transformation en profondeur de l’organisation des établissements, une révision complète des programmes et une formation des maîtres à la hauteur des enjeux.

 

L'écriture cursive est essentielle à l'apprentissage

 

Au-delà de l'emballement un peu rapide sur la prétendue fin de l'enseignement de l'écriture manuscrite en Finlande, n'est-il pas à craindre qu'un jour, vraiment, la fin de cet enseignement devienne réalité. Une telle perspective aurait des conséquences dramatiques sur la formation intellectuelle des élèves.

 

C'est en traçant soit même ses mots soigneusement choisis que l'on prend conscience de leur composition graphique et phonique ainsi que de leur organisation syntaxique. Or c'est cette conscience qui va porter l'apprentissage de la lecture. En d'autres termes, c'est l'écriture manuelle maitrisée qui assure une lecture précise et fluide.

 

C'est aussi en écrivant de sa main que l'on grave mots et textes dans sa mémoire. Considérez donc notre comportement lorsque nous hésitons sur l’orthographe d’un mot. Ce n’est pas à un clavier que nous confions le soin de réveiller notre mémoire orthographique c’est à notre main qui, trace plusieurs formes possibles que nous confions notre choix.

 

Seules les pages écrites par la main d’élèves rendus attentifs à la qualité graphique, à l’organisation et à la correction des mots affirment leur passage dans une classe et les efforts qu’ils y ont fournis pour y laisser leur propre trace. Une trace superbe ou médiocre, mais la leur, dessinée de leur propre main, forgée par leur propre intelligence dans l’exaltation et le labeur solitaires.

 

C’est bien ce labeur d’écriture manuelle dont nul autre ne peut les décharger que l’on doit leur apprendre à chérir ; parce que le soin obstiné qu’ils portent à la forme comme au sens construit la conscience d’eux-mêmes et le goût de l’Autre. L’abandon insidieux de l’acte d’écriture manuelle serait le coup le plus terrible que l’on pourrait porter à l’école républicaine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

23 décembre 2014

message pour toi l'ado

 

 

 

ado

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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13 décembre 2014

humiliation

 

Entendre pendant 1 heure en conseil de classe de 3è des parents se plaindre du niveau médiocre de la classe en math (8/10 de moyenne au 1er trimestre), aller en cours avec cette classe, rendre un devoir (dont j'avais donné par avance les questions - ben ouais ! pour les motiver à apprendre pour avoir la satisfaction de recevoir une bonne note-) médiocre, vérifier le travail maison du jour, constater que 12 sur 30 n'ont pas fait leur travail. Gronder et entendre une tête "blonde" dire "Madame, vous n'avez pas le droit de nous humilier" Et avoir envie (mais alors d'une force) de lui dire de se tirer les doigts du nez, en lui prenant sa crête de cheveux fraîchement gominée dans ma main, et lui exploser le nez sur son cours.

 

Seulement voilà "HUMILIATION" en rendant une copie à des élèves et en leur disant :

     - "veux-tu aller en seconde générale ?

     - oui

     - ALORS VA FALLOIR TE METTRE SERIEUSEMENT AU TRAVAIL ! parce qu'avec un 3/10 ton désir risque d'être compromis"

 

J'ai humilié un élève en proclamant tout haut sa note, alors que dés qu'ils ont leur copie entre leurs mains la première chose qu'ils font est de s'échanger leurs notes.

 

Je suis allée voir mon chef d'établissement pour lui en parler. Parce qu'il vaut mieux prendre ces devants au cas où un parent téléphonerait : Madame c'est inadmissible votre prof de math humili ses élèves !!!!

Et là ... que croyez-vous qu'il m'ait répondu ?

Je me dois désormais d'aller m'excuser. Ma posture n'était pas appropriée pour les stimuler. J'ai été maladroite dans ma façon de faire. 

Pensez-vous qu'il m'en ait proposé une autre ? Non bien sûr.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

9 décembre 2014

Aaah! les rapports d'inspection

Prof, j’ai été inspecté il y a huit mois. Le rapport vient d’arriverPrint

Monsieur le Prof
Professeur remplaçant
Publié le 05/12/2014 à 12h33

Au cours de notre année de stage, nous sommes inspectés lors d’une séance. De cette inspection, dépend notre titularisation. A partir de celle-ci, nous sommes un peu lâchés, en roue libre, dans notre métier – sachant qu’on sera inspectés au mieux tous les cinq à dix ans.

On vient nous inspecter sur une séance bien précise, en nous prévenant quelques jours à l’avance, histoire de bien nous laisser le temps de préparer quelque chose qui plaira certainement à l’inspecteur, même s’il ne s’agit pas de notre façon d’enseigner habituelle.

Quand on est élève, on s’imagine qu’être prof, c’est se ramener en cours avec un livre, l’ouvrir à une page et suivre ce qui est écrit. Bon, certes, il y a certains profs qui fonctionnent comme ça, mais dans les faits, c’est un peu plus complexe.

Je vais prendre l’exemple du cours que j’ai fait le jour de mon inspection pour vous expliquer comment on est censés construire notre cours. Je dis bien « censés », car même si j’essaie de suivre cela au maximum, cela demande énormément de temps et surtout d’inspiration pour parvenir à ce résultat.

Ecrivez à votre « moi » futur

Les enseignants en langue doivent actuellement suivre ce qu’on appelle la « méthode actionnelle », c’est-à-dire qu’il ne suffit pas d’expliquer une règle grammaticale à un élève, il faut créer une situation où l’élève aura besoin de cet outil grammatical pour mener à bien ses objectifs.

Grâce à une collègue de Twitter, j’ai trouvé l’objectif que devront mener à bien mes élèves : écrire une lettre à leur « moi » futur, lettre qu’ils ouvriront dans dix ans, par exemple. Pour mener à bien cette tâche, il faudra entre autres qu’ils sachent utiliser les pronoms réfléchis, par exemple pour dire « Cher moi-même », mais également le Present Perfect. Ce temps permet de dresser un bilan, il leur permettra donc de demander à leur « moi futur » ce qu’ils ont fait de leur vie en dix ans. Par exemple :

« Have you ever been to England ? »

« Have you learned how to drive ? »

(Es-tu déjà allé en Angleterre ? As-tu appris à conduire ?)

J’ai donc un objectif final, deux outils grammaticaux. A cela, doivent s’ajouter du vocabulaire et une approche culturelle de la chose, et voilà, le squelette de mon cours est formé. Une séquence est composée de huit séances maximum (sinon les élèves se lassent du thème abordé). Il me semble qu’en six séances, soit deux semaines de cours, mon objectif peut-être atteint.

Dur, dur de se rappeler de son contrôle

Me voilà donc à la recherche de documents pour permettre aux élèves de réussir au mieux :

  • un extrait de film, « Prédictions », où une classe enterre une boîte contenant des objets, afin de l’ouvrir quelques années plus tard ;
  • une photo de la « Disney Time Capsule », qui existe vraiment et qui contient des objets Disney ;
  • une chanson où un personnage parle à son moi futur ;
  • une BD de Calvin et Hobbes où Calvin écrit également à son moi futur...

Le tout est ensuite d’arranger ça pour que les savoirs arrivent progressivement, tout en maintenant l’intérêt de l’élève. Une alchimie pas évidente.

J’ai été inspecté sur ma deuxième séance de cette séquence, celle où j’ai fait travailler mes élèves sur la BD de Calvin et Hobbes.


Extrait d’une BD de Calvin & Hobbes (Bill Watterson)

C’est huit mois plus tard que j’ai enfin l’honneur de lire le rapport d’inspection, premier véritable retour sur ma façon d’enseigner. On nous dit souvent que les inspecteurs sont en sous-effectif, qu’ils ont énormément de travail, pas le temps de voir tout le monde... Mais tout de même, huit mois pour écrire et envoyer un rapport ? Entre-temps, l’année scolaire s’est terminée et j’ai eu le temps de changer deux fois d’établissement. Je repense à mes élèves prêts à m’étriper si je n’ai pas rendu un contrôle au bout d’une semaine, et je les comprends. Plus le temps passe, plus on oublie ce que l’on avait fait au contrôle.

En théorie, je suis d’accord mais...

Et force est de constater que huit mois plus tard, ce rapport perd de son impact. Heureusement, il commence par un résumé de la séance. Il s’agit d’une observation plutôt complète, même si je ne me souviens pas de tout ce dont il est question.


Extrait de mon rapport d’inspection : « Observation de la séance » (DR)

Ce que l’on appelle un « rituel », dans le jargon éducatif, c’est une activité récurrente que l’on fait à chaque début d’heure. Ainsi, effectivement, à chaque séance suivant le week-end, j’interroge les élèves sur ce qu’ils ont fait de leur week-end afin d’avoir une question connue mais dont la réponse change chaque semaine. Le but étant également de retravailler le prétérit.

L’inspecteur me signale qu’il « serait souhaitable d’aller au-delà et d’entraîner dans un second temps tous les élèves à construire du discours en s’appuyant sur ces éléments clés pour présenter le Disneyland Time Castle ». En théorie, je suis d’accord : chaque élève doit être sollicité. Mais dans la pratique, ce n’est pas évident à mettre en place. Ici, il n’y avait pas grand-chose à dire, peut-être cinq phrases maximum. Faire intervenir une vingtaine d’élèves risquait de vite tourner en rond et de les lasser – tout en prenant beaucoup de temps sur la séance.

Je ne vois pas où l’inspecteur veut en venir

« Les élèves s’interrogent sur la différence entre le present perfect et la voix passive. Il serait donc intéressant d’introduire du sens dans cette phase de PRL en attirant leur attention sur l’étroite corrélation entre le processus de passivation auquel sont soumis les sujets grammaticaux et le thème étudié. »

Concernant cette remarque, j’avoue ne pas la comprendre du tout. Je ne vois pas où l’inspecteur veut en venir et ce que j’aurais dû expliquer aux élèves.

L’inspecteur dresse un bilan, à lire ci-dessous :


Extrait de mon rapport d’inspection (DR)

Ce bilan, dans l’ensemble positif, relève plusieurs problèmes :

  • le fait de ne pas parvenir à faire travailler tous les élèves de la classe ;
  • le fait d’être trop frontal ;
  • le besoin d’étoffer le cours par des micro activités (ce qui améliorerait les deux points précédents) ;
  • la nécessité de répétition chorales (le fameux « repeat after me »)

Je comprends tout à fait le besoin de faire travailler tous les élèves de la classe et effectivement, proposer des activités courtes et simples permettrait de faire participer le plus grand nombre. Il est toutefois regrettable que dans le cadre de ce commentaire, aucune activité ne soit proposée par l’inspecteur. Il aurait été intéressant de me fournir des pistes afin que je sache précisément quoi faire travailler à mes élèves, et comment, afin d’améliorer mon cours.

« Repeat after me »

En ce qui concerne le fait de demander aux élèves de répéter après moi afin de bien prononcer un mot, je le fais en sixième et cinquième et les élèves aiment bien ça, mais c’est vrai qu’à partir de la quatrième, j’ai un peu plus de mal parce que c’est l’âge où ils commencent à avoir peur d’être jugés et à parler tout bas... Mais oui, un effort est à faire de ce côté-là.

Le fait d’être trop frontal m’avait déjà été reproché lors de ma toute première inspection, à l’issue de mon stage. Etre frontal, c’est le fait d’être, en tant que prof, au centre de la classe, être celui qui « distribue le savoir ». Cela peut paraître logique, mais la méthode actionnelle veut que l’élève soit le constructeur de son propre savoir, et que le prof s’efface au maximum.

Pour reprendre une formule d’un de mes formateurs : « Un cours idéal, c’est un cours où le prof ne parle pas. » Ce genre de formules claque bien, certes, mais m’énerve un peu. Je comprends tout à fait ce qui se cache derrière l’idée de l’élève qui construit son propre savoir.

Un petit exemple relativement très simplifié pour vous expliquer le principe.

Cherchez la règle

Un professeur « frontal » dira aux élèves :

« Au pluriel, on ajoute un S à la fin des noms, sauf pour “tooth” et “foot” et qui devienne “teeth” et “feet”. »

Dans la méthode actionnelle, le professeur notera plusieurs phrases au tableau :

« I have a dog. I have two dogs. I have a nose and two eyes.

The monster has got one big tooth and two small teeth. »

Et il dira à la classe : « Que remarquez-vous ? » La classe s’interrogera, et au fur et à mesure remarquera que parfois on met un S, parfois non. Et ce sont les élèves qui construiront la phrase : « Au pluriel, on ajoute un S... »

Le résultat est le même, mais dans le second cas, c’est bien l’élève qui est à l’origine du savoir, et donc, il assimile mieux la règle. Et je comprends la logique derrière cette méthode, je comprends son fonctionnement et ce qu’elle peut apporter. Mais bien souvent, cela demande énormément de temps pour observer une règle simple... et parfois, les élèves n’arrivent tout simplement pas à la voir, ou trouvent d’autres choses.

Dans l’exemple précédent, il est probable que certains élèves diront que quand on parle d’un animal, on rajoute un S alors que quand on parle du corps humain, c’est différent. Le fait de ne pas leur donner la règle directement peut les rendre confus.

Je sais qu’on attend de moi que j’utilise cette méthode, mais n’étant pas 100% en accord avec elle, je préfère ne l’utiliser que lorsque je suis certain qu’elle a un intérêt.

Créer un bon cours est pour moi un art

Comme vous pouvez le constater, faire cours est un peu plus complexe que dire : « Ouvrez le livre à la page 32 et faites les exercices. » Je trouve ça tout à fait fascinant : créer un bon cours est pour moi un art, et j’aime la réflexion que ça implique. Hélas, comme je l’ai dit, tous mes cours ne sont pas le fruit d’une telle réflexion, et bien trop souvent, je travaille dans l’urgence, à me demander ce que je ferai faire à mes élèves, sans avoir le temps de réfléchir en amont et sur la durée. J’espère que les années et l’expérience me permettront de me construire un catalogue de cours bien construits et pertinents afin de ne plus rencontrer ces problèmes.

Il est regrettable à mes yeux qu’à l’issue des formations auxquelles j’ai pu assister, on ne construise pas de séquence sous l’œil d’un formateur ou inspecteur afin d’avoir un « cours-étalon » sur lequel se baser. Car finalement, il faudra attendre de cinq à dix ans pour savoir si ce que l’on fait est en accord avec ce que l’on attend de nous.

   
  • Cosmic Slop
    Cosmic Slop
    Mothership Connection

    J’ai toujours eu beaucoup de difficultés en langue au collège/lycée, étant un élève plutôt moyen ou bon dans les autres matières.

    Je n’avais jamais de cours à réviser seulement trois bouts de notes en anglais prises pendant le cours qui m’apparaissait souvent totalement déstructuré et pendant lequel je dormais/dessinais/jetais des boulettes de papier. Souvent j’attendais « le cours » histoire de le noter pour l’apprendre plus tard, mais il n’arrivais jamais. Du coup mon retard s’est accumulé jusqu’à ce que je sois incapable de suivre pour de bon...

    Puis je m’y suis mis à l’université, avec des articles à lire en anglais il fallait bien, donc entre reverso et les cours de faculté j’ai finis par rattraper mon retard. Mais là j’étais autrement plus motivé.

    Avec le recul la méthode actionnelle me semble être une bonne méthode si on est sûr que les élèves suivent, mais comme vous le dites vous même ce n’est pas forcément le cas (et je suis bien placé pour le savoir) surtout au collège. En revanche cela me semble aussi être un très bon moyen pour perdre un paquet d’élèves en route, parce qu’avec un cours « frontal », au moins on peut rattraper et éviter d’être largué au bout de deux mois.

  • Pure et dure
    Pure et dure
    Tangeante

    Je vois que rien n’a bougé depuis dix ans.
    L’élève construit ses propres savoirs. Quelle phrase magique mais souvent dénuée de sens ! Après avoir parlé du temps pris pour faire « découvrir » aux élèves ce qu’on souhaite leur enseigner j’aimerais aussi faire remarquer le nombre d’enfants effectivement actifs dans ce genre d’entreprise. Sur 30 à 35 élèves, si l’on en trouve environ cinq qui participent, que font les autres si ce n’est au mieux écouter les tâtonnements que font leurs pairs avant d’arriver à l’objectif recherché par le prof ? Cette méthode issue du constructivisme me semble être très idéaliste mais pas vraiment... constructive.
    Tout prof sensé est bien sûr entraîné à provoquer des questionnements mais quand cela devient une méthode systématique j’ai l’impression d’assister à une dérive où seuls les éléments moteurs sont invités à participer. Nous sommes loin alors de tenter de diminuer les inégalités, bien au contraire.
    D’ailleurs le fait que les inspecteurs ne fassent jamais de démonstration prouve bien les limites de cette entreprise...

  • Cher collègue, je suis désolée pour toi que ton rapport ait tant tardé (j’ai reçu le mien 1 mois après mon inspection c’est ma 3ème année de titulaire). Je suis donc ravie de voir que mon inspecteur est efficace et surtout, qu’il donne des conseils, contrairement au tien. L’inspecteur était vraiment dans l’échange et il n’y a aucune surprise dans le rapport écrit. Je souhaite que tous mes collègues aient cette chance, parce qu’avoir quelqu’un qui écoute et conseille, dans un métier où il faut sans cesse se renouveler, ça fait du bien.
    J’ai eu moi aussi des remarques sur mon côté « dirigiste », la parole passe trop par moi (comme tu le fais remarquer, on doit s’effacer au maximum).
    J’ai beaucoup ri en voyant ton explication (très juste) de la méthode actionnelle, avec l’exemple du pluriel. C’est exactement ça. Combien de fois mes élèves m’ont parlé de TOUT, sauf de ce qu’ils avaient sous les yeux... Trop peu sont capables de remarquer SEULS ce genre de choses. Et du coup, on se retrouve à leur expliquer quand même à la fin... ;)
    L’inspecteur m’a conseillé d’orienter mes séances vers la PPC (=prise de parole prolongée, pas une simple phrase pour ceux qui me lisent), tous les prétextes étaient bons pour la travailler. Certes... mais l’inspecteur a observé une classe de 4è, dans laquelle il y avait 90% d’élèves que j’avais déjà eus l’an dernier... il les a trouvés très bon. C’est dommage d’oublier de dire qu’ils sont très bons parce que j’ai travaillé de la même façon que le jour de l’inspection. Et donc que ça marche !
    La méthode actionnelle est intéressante car je pense qu’elle permet vraiment aux élèves de comprendre (même si faire quelques exercices de grammaire en plus n’est pas du luxe... (chut, ne le dites pas à l’inspecteur, la grammaire est un gros mot maintenant !)).
    Tu dis que tu espères avoir un catalogue de cours bien fournis au fil des années... en fait, je crois que ça ne marchera pas comme ça. Exemple : j’ai eu ma formation il y a 3 ans et pourtant, je suis déjà obsolète, puisque la façon dont j’enseigne (que l’on m’a enseignée à l’IUFM donc) est trop dirigiste... alors qu’à l’inspection de titularisation, je n’ai eu que des compliments...
    Sans compter les mutations, quand on change d’académie, on change de façon de faire ! (parait-il qu’à l’académie de Nantes, ils forcent les collègues à mettre leurs tables en îlot pour favoriser l’interaction orale... sans parler de ce qui fait fureur dans l’académie voisine, et est complètement tourné en ridicule ici !)
    N’hésites pas à me contacter si besoin, l’enseignement, c’est loin d’être facile tous les jours :)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

9 décembre 2014

L'illusion d'imcompétence, vous connaissez ?

L’Illusion d’incompétence fléau méconnu de nos classes?

Aujourd’hui, je vais vous parler d’un sujet trop méconnu de nos classes l’illusion d’incompétence. Phénomène, qui selon une étude de Geneviève Marcotte toucherait près de 20% des élèves et qui n’est pas abordé une minute en formation initiale des professeurs et encore moins en formation continue tout au long de leurs carrières.

De quoi s’agit t-il ?

illsuion d'incompétence

L’illusion d’incompétence se définit comme:

« un décalage entre le potentiel, les compétences et capacités réelles d’un enfant et la perception qu’il en a »

Cette illusion d’incompétence se caractérise par un perfectionnisme négatif, des standards de réussite trop élevés que se fixe lui même l’enfant et qui le freine dans ses apprentissages.

Elle touche directement à l’estime de soi qui à l’âge du primaire se fonde essentiellement sur la compétence scolaire alors qu’au secondaire cette estime de soi va se baser sur l’apparence physique. (période de puberté et des premiers émois amoureux oblige)

estime de soi 2

Comment nait l’illusion d’incompétence chez un enfant?

Elle est tout d’abord le reflet d’une éducation donnée par les parents et complétée par l’école mais aussi une réception biaisée par les enfants.

En effet les parents véhiculent des stéréotypes comme le fait que les garçons seraient meilleurs en maths et les filles meilleures en Français. Un enseignant va aussi avoir tendance à véhiculer certaines valeurs d’excellence, qui mal amenées ou présentées, peuvent devenir un frein considérable aux apprentissages de par la naissance d’une anxiété et d’une peur de l’échec chez les enfants.

L’illusion d’incompétence trouve sa source dans ces scénarios mentaux que se font les enfants de ce que doit être la réussite et de ce qu’est la définition de l’échec. Ils sont tiraillés entre l’excitation, l’enthousiasme, la fierté et l’anxiété, la honte et le découragement.

Or le bien être des enfants passe avant toute chose par un sentiment de compétence personnelle.

 

Quelle sont les conséquences pour un enfant victime d’une illusion d’incompétence?

Selon une étude d’un chercheur québécois Philipps:depression

  • Son rendement est plus faible (touché en permanence par le doute, la peur et l’anxiété il est moins productif)
  • Il est moins persévérant (ne relèvera que peu les défis qui pour lui sont insurmontables. Son engagement est moindre ainsi que ces efforts car il est obnubilé par la peur de l’échec et de la nouveauté)
  • Il sera bien moins autonome car la prise d’initiative est anxiogène et il parvient peu ou pas à s’autoréguler.
  • Il est moins curieux et plus vite ennuyé.
  • Il se sous-estime et attribue ses succès à la chance (dévalorisation de sa compétence)

A terme cela pourra même engendrer

  • un isolement social (surtout dans une société qui véhicule l’idée de course à la performance)
  • un abandon scolaire prématuré
  • des difficultés à choisir son orientation

Pour Kolligan (1990) l’illusion d’incompétence qui toucherait les enfants serait à mettre en parallèle avec les troubles dont souffriraient certains adultes un peu plus tard, à savoir un sentiment d’imposture professionnelle, une tendance à discréditer ses réussites ou à les attribuer à la chance et qui mènerait à de très hauts niveaux d’anxiété, des burn-out ou des états dépressifs.

 

Comment remédier à l’illusion d’incompétence?

estime de soi

C’est un travail long et fastidieux car il faudrait profondément modifier les représentations mentales des enfants qui en souffrent. quelques points d’appui peuvent pourtant être présentés:

  • individualiser les activités et différencier au maximum (chaque élève travaille donc à la mesure de ses capacités)
  • avoir une attitude bienveillante en tant qu’enseignant (valoriser le moindre effort, se concentrer sur l’encouragement et les réussites plus que sur la comparaison avec une norme ou des programmes)Être dans l’éducation positive.
  • Prendre le temps d’expliquer les échecs, les relativiser, les discuter.
  • Instaurer dans la formation (initiale et continue) des professeurs un module sur l’illusion d’incompétence.
  • Promouvoir l’effort et le goût de celui-ci plus que l’excellence.
  • Crée un climat de classe serein et rendant possible l’émulation plus que la compétition.
  • Favoriser un dialogue des émotions et des ressentis par rapport aux apprentissages (une fois par semaine, qu’as tu compris,Comment t’es tu senti par rapport à ces notions nouvelles? qu’as tu trouvé difficile, pensais tu réussir, es-tu heureux d’avoir réussi?)

Vaste sujet, me direz-vous mais il n’est pas trop tard pour s’y intéresser et pour tenter ensemble d’y trouver des solutions.

Vous pouvez d’ailleurs proposer les vôtres ou vos réflexions personnelles dans les commentaires de cet article je serais ravi d’en discuter avec vous.

Pour aller un peu plus loin dans la réfléxion je vous conseille ces liens:

Bien à vous

Monsieur Mathieu

mon blog,   ma page FB

29 novembre 2014

image choc de la FCPE qui fait plus penser à de la pédophilie qu'à son message.

à lire sur http://www.marianne.net/Pour-la-FCPE-les-enseignants-seraient-ils-forcement-malveillants_a243021.html

 

Le blogueur-professeur Loys Bonod s'étonne de la campagne de la Fédération des conseils de parents d'élèves visant à célébrer les 25 ans de la Convention internationale des droits de l'enfant et regretter qu'elle ne soit pas mieux appliquée à l'école : "L’image est grave, écrit-il, lourde de symboles : une imposante main anonyme d’enseignant bâillonnant une enfant terrifiée".


A l’occasion du 25e anniversaire de la Convention internationale des droits de l'enfant, une fédération progressiste de parents d’élèves qui milite « pour une école bienveillante et prévenante », la FCPE, vient de donner une illustration saisissante de sa propre bienveillance en même temps que de l’estime dans laquelle elle tient les enseignants.
 
Voici en effet à quoi ressemble l’école selon la FCPE :

Pour la FCPE, les enseignants seraient-ils forcément "malveillants" ?
L’image est grave, lourde de symboles : une imposante main anonyme d’enseignant bâillonnant une enfant terrifiée. On songe ici aux campagnes choc contre les mauvais traitements, le viol ou la pédophilie.
 
La FCPE considère en effet que l’école française ne respecte pas les droits fondamentaux des enfants et que l’orientation scolaire, notamment, est une atteinte à ces droits : « L'article 12 de cette convention dispose que : "Les États parties garantissent à l'enfant qui est capable de discernement le droit d'exprimer librement son opinion sur toute question l'intéressant". Malheureusement, nombreuses sont les décisions qui se prennent sans l'enfant ou ses représentants légaux. A l'Ecole, l'orientation scolaire en est un exemple vivant ».
 
En relisant attentivement ces lignes, on se demande néanmoins en quoi une petite fille de l’école primaire serait concernée par les questions d’orientation ou en quoi le droit d’expression des enfants vaudrait droit de « décision » : s’agissant d’enfants, c’est en effet toujours la responsabilité des adultes qui est engagée.

Lire la suite sur le blog « Lutte des classes » de Loys Bonod
Une image tout à fait inapropriée.
5 novembre 2014

Joëlle, instit sans salaire, dépannée avec des bons alimentaires

Joëlle, instit sans salaire, dépannée avec des bons alimentaires

Aurélie Lebelle | Publié le 04.11.2014, 20h36 | Mise à jour : 23h01

Les enseignants stagiaires de l’école supérieure de professorat et de l’éducation de Livry-Gargan ont manifesté ce mardi. (DR.)

Les enseignants stagiaires de l’école supérieure de professorat et de l’éducation de Livry-Gargan ont manifesté ce mardi. 

 

La grogne s’intensifie en Seine-Saint-Denis. Ce mardi plus de 300 jeunes professeurs des écoles stagiaires manifestaient à Livry-Gargan. Ils devraient être plus nombreux encore à se rassembler mercredi devant la direction académique de Bobigny. Ce qu’ils réclament ? Une révision de leur formation, mal adaptée, mais aussi le versement des salaires de certains de leurs collègues - une trentaine selon les syndicats - qui n’ont toujours perçu aucun acompte depuis la rentrée scolaire. Pour faire face à ce « problème technique », la direction académique a proposé des bons alimentaires aux 231 enseignants stagiaires et contractuels concernés jusqu’à la semaine dernière.

Témoignage de Joëlle, 53 ans, qui est allée demander un carnet de tickets aux services sociaux de l’Education nationale.


Joëlle : «Je n'avais jamais eu de problèmes financiers»

Avant cela, Joëlle ne s’était jamais sentie humiliée. Pourtant, à 53 ans, cette mère de famille de trois grands enfants montre avec amertume et déception le carnet de tickets alimentaires qu’elle est allée chercher aux services sociaux de l’Education nationale. « J’ai un certain âge, une carrière de militaire derrière moi et je n’ai jamais eu de problème financier, liste-t-elle. Je trouve cela scandaleux de proposer des bons alimentaires à des gens qui sont diplômés. »
Comment en est-elle arrivée là ? Contractuelle depuis trois ans, Joëlle a finalement passé le diplôme et enfilé, à la rentrée, sa nouvelle casquette de professeur stagiaire dans une école d’Aulnay-sous-Bois. Heureuse ? Oui. Ravie même ! Jusqu’à ce qu’elle constate qu’elle n’était pas payée, comme 230 autres collègues du département. Officiellement à cause d’un « problème technique », certains enseignants stagiaires n’ont touché aucun salaire ni acompte jusqu’à la semaine dernière. Un scénario catastrophe pour la plupart d’entre eux. Le 20 octobre dernier, Joëlle faisait donc partie des manifestants venus réclamer leur dû devant la direction académique de Bobigny. « C’est là qu’on nous a parlé des bons alimentaires pour la première fois, se souvient-elle. Il y avait une maman avec son fils qui expliquait qu’elle avait dû frauder dans les transports pour venir. Et qu’elle ne savait pas comment le faire manger le soir. »
Alors Joëlle a demandé à avoir des bons alimentaires, davantage « par principe que par besoin ». « Ils nous ont dit qu’il fallait aller les chercher au rectorat de Créteil », poursuit-elle. Mais quelques jours après, les fameux tickets de 5, 10 et 20 € sont rapatriés à Bobigny. Avec trois autres enseignants non payés, Joëlle passe le cap et « réclame » des bons. « Il n’y avait que trois carnets disponibles à Bobigny, précise-t-elle. Nous étions quatre. On nous a dit qu’une personne ne pourrait pas en avoir.En réalité, ils étaient persuadés que personne n’oserait en demander. »

 

LeParisien.fr

 

 

 

 

Bon, faut dire que certaines choses me choquent dans cet article.

D'abord bien évidemment, que des travailleurs ne soient pas payé. Encore une belle bévue de l'Éducation Nationale. 

Mais particulièrement c'est le témoignage de cette dame qui dit :

- "Je trouve cela scandaleux de proposer des bons alimentaires à des gens qui sont diplômés."

—>  Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que si t’as pas de diplôme et qu’on te paye en cacahuètes, c’est normal ?

Franchement, si c’est pour sortir ce genre de connerie, elle aurait dû se taire.

- " J’ai un certain âge, une carrière de militaire derrière moi …."

—> Donc si je ne m’abuse, cette dame touche forcément une retraite militaire…. Faut un peu mieux ficeler le misérabilisme…là, ça va faire plouf !

 

 

 

 

 

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Après l'effort, le réconfort
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